Adaptation, mémoire et besoins

Depuis toujours, le but archaïque (qui est très ancien) de tous les êtres vivants (végétaux, animaux et humains) est de survivre. Nos comportements, nos réactions et stratégies visent à y parvenir et dans notre corps, tous les organes, tissus et cellules ont des fonctions propres qui tendent systématiquement vers cet objectif.

Depuis toujours, le but archaïque (qui est très ancien) de tous les êtres vivants (végétaux, animaux et humains) est de survivre. Nos comportements, nos réactions et stratégies visent à y parvenir et dans notre corps, tous les organes, tissus et cellules ont des fonctions propres qui tendent systématiquement vers cet objectif.

Par exemple, nos poumons absorbent l’oxygène nécessaire à toutes nos cellules; notre système immunitaire assure la protection de notre corps; notre système digestif apporte à chaque cellule l’énergie et les constituants dont elle a besoin; notre système urinaire évacue certains déchets produit par notre corps; notre système reproducteur permet la reproduction et par conséquent la survie de notre espèce en général et de nos gènes en particulier; notre graisse constitue une réserve d’énergie pour l’ensemble des cellules de notre corps…

 

Chacune de nos cellules possède donc une ou plusieurs fonctions destinée(s) à répondre à un besoin précis afin de favoriser ou d’assurer la survie de l’ensemble.

 

Jean-Baptiste Lamarck, premier théoricien de l’évolution, pensait que tous les organismes vivants détiennent une force vitale caractérisée par une tendance à s’adapter et se perfectionner. Cette tendance se manifeste particulièrement lorsque les conditions du milieu extérieur changent. Dans ce cas, l’organisme fait des efforts pour s’adapter et survivre. Pour tous les êtres vivants, la clé de cette survie tant convoitée est donc l’adaptation. Depuis la nuit des temps, seuls les organismes vivants ayant su s’adapter au stress et contraintes de leur environnement ont pu éviter la mort. En tant qu’être humain, nous ne faisons pas exception à la règle. C’est pourquoi notre corps s’adapte spontanément à ce qu’il vit quotidiennement dans son environnement en modifiant sa physiologie et son fonctionnement…Et ce, afin de nous permettre de répondre à un besoin et nous aider ainsi à survivre.

 

Exemple

  • Au contact du soleil, notre corps peut être agressé par certains de ses rayons. Il va donc s’adapter en produisant plus de mélanine afin de nous protéger (bronzage).
  • Soumis au froid, notre corps va s’adapter en frissonnant d’abord et en favorisant ensuite la circulation du sang vers les organes vitaux afin de maintenir la température interne à un niveau compatible avec leur fonctionnement de notre survie.
  • Soumis à la chaleur, notre corps va également s’adapter en produisant, par exemple, davantage de sueur afin d’abaisser la température interne et la maintenir a une température compatible avec le fonctionnement de nos organes et notre survie.

 

L’objectif de ces modifications / adaptations corporelles est de nous permettre de continuer à répondre à un besoin spécifique à un instant T afin d’augmenter nos chances de rester en vie.

Notre corps ne s’adapte pas seulement en fonction des facteurs physiques de l’environnement, il se modifie également en fonction de nos stress émotionnels. En effet, chaque émotion possède une fonction propre et essentielle à notre conservation. Elles nous permettent d’évaluer rapidement ce que nous vivons dans notre présent et d’y faire face au mieux en modifiant notre comportement ou celui de notre corps afin de pouvoir continuer à assouvir nos besoins et avoir ainsi davantage de chance de survivre. Par exemple, face a un lion sauvage, si nous ne ressentons pas de peur, nous sommes en danger de mort. En effet, c’est ce sentiment qui nous conduira à adopter un comportement adapté de prudence ou de fuite. Sur le plan corporel, cette émotion va engendrer de multiples modifications comme une accélération des battements cardiaques, une augmentation de la sudation, une décharge d’adrénaline qui permettra à nos muscles de se réparer à l’action…En cas de fuite, la peur modifiera le corps en amenant le sang de préférence vers les membres inférieurs et en augmentant la fréquence respiratoire et cardiaque afin de favoriser la course.

 

Ainsi tous les jours, suivant la nécessité de l’instant, notre organisme modifie son fonctionnement en augmentant ou en diminuant spontanément une ou plusieurs de ses fonctions. Ce faisant, il nous permet de nous adapter au milieu environnant ainsi qu’aux divers stress que nous vivons, afin de répondre à des besoins précis et ainsi survivre. Ces modifications de la physiologie ne sont jamais aléatoires. Elles ont toujours un but précis et une utilité concrète relié aux stress qui les ont provoqués.

 

Les hypothèses de base sont alors les suivants :

  • Et si la maladie, était aussi une stratégie, une tentative d’adaptation, une sur-adaptation de notre corps à un stress extérieur précis pour tenter de répondre à un besoin précis?
  • Et si la maladie était une réaction d’adaptation de notre corps à un stress précis pour, inconsciemment, tenter d’y apporter une réponse?

 

Selon Jean-Baptiste Lamarck, la fonction crée l’organe. On peut donc ce demander si la maladie, qui est une modification d’un organe ou d’un tissu, n’a pas en réalité une fonction, un sens. Au regard de ceci, la mal-à-dit, mais aussi les blocages comportementaux ou les blocages de vie, peut être appréhendée comme un moyen inconscient (la somme de notre vécu), pour nous protéger.

 

À travers cette vision, la maladie cesse donc d’être un ennemi contre lequel nous devons nous battre pour devenir un allié qui tente de nous aider, voir de nous sauver. Cet allié peut nous sembler encombrant puisque, pour remplir sa mission, il va souvent nous faire souffrir et parfois nous tuer. Néanmoins, dans cette hypothèse, l’objectif premier de la maladie est de nous protéger.

 

Cette vision de la maladie nous invite donc à ne plus vivre notre chemin vers un retour à la santé comme une lutte contre un adversaire mais plutôt comme un dialogue  à instaurer avec un ami, un protecteur. Le but est de l’accepter, l’écouter. Le comprendre, de saisir la raison de sa venue pour pouvoir ensuite envisager une autre manière d’agir afin de ne plus avoir besoin de lui et le laisser libre de s’en aller. Et si on changeait de regard sur la maladie?

 

L’adaptation et la mémoire

 Si l’adaptation est la clé de la survie, la mémoire est, quant à elle, la pièce maîtresse de l’adaptation. Elle nous permet de réagir et de nous adapter plus rapidement à un événement présent en fonction d’une expérience passée. Sans elle, chaque génération serait obligée de reprendre toujours tout depuis le début.

 

La mémoire contient et peut enregistrer un grand nombre d’informations auxquelles nous n’avons pas forcément accès consciemment mais dont notre cerveau se sert systématiquement sans que nous nous en rendions compte pour analyser notre quotidien. Ainsi chaque situation vécue par un individu est l’objet d’une analyse et d’un tri permettant de déterminer et de conserver uniquement ce qui peut lui être utile.

 

La mémoire peut être envisagée comme une immense banque de données, une immense bibliothèque contenant une multitude de livres. Chaque situation marquante est photographiée et fait l’objet d’un livre ou les ressenties, les odeurs, les bruits, les images et les sensations vécus sont retranscrit. Ce livre viendra ensuite compléter notre bibliothèque. Le but de cette bibliothèque est de nous permettre d’avoir le plus possible d’information à portée de main afin d’augmenter nos chances de trouver rapidement une solution adaptée à ce que nous vivons dans le présent et nous donner ainsi, archaïquement, plus de chance de survivre. Notre vie et ses drames passés ou présents sont ainsi inventoriés dans notre mémoire sous la forme d’équation (également le vécu des ancêtres) afin d’assurer une réponse rapide et efficace si la situation en question ou si une situation similaire se représente. Notre mémoire retiendra en priorité:

  • Les solutions perdantes (les réponses ou les schémas qui ont échoué, qui ont provoqué un drame ou la mort).
  • Les solutions gagnantes (les réponses ou les schémas qui ont permis la survie, la vie, la réussite ou la joie, mais également celles qui ont permis de se sortir d’un drame).
  • Les solutions rêvées (les réponses et les schémas que nous avons imaginés mettre en place dans certaines situations de notre vie sans pour autant l’avoir fait).

 

Par la suite, chaque événement ou situation que nous vivons induit l’ouverture d’un ou plusieurs livres de notre mémoire et déclenche ensuite une réaction liée à son contenu. Notre mémoire nous permet donc de nous adapter rapidement à des situations du présent en fonction d’événements de notre passé.

 

Quand nous vivons un événement, le mécanisme neurobiologique est simple : la situation est spontanément évaluée par le cerveau. En réalité, sans que nous nous en rendions compte, nous allons dans notre bibliothèque intérieure à la recherche d’un livre évoquant une situation similaire afin de déterminer immédiatement si ce que nous vivons est positif, négatif, dangereux, un mal nécessaire, neutre…

 

Dans un second temps, suivant le contenu de la mémoire, cette référence pourra déclencher; en réflexe, une émotion ou une combinaison d’émotion; la joie, la colère, la tristesse, le dégoût, le mépris… Elle pourra également ne rien déclencher si la situation ne fait référence à rien de particulier ou si elle est neutre. C’est le contenu de notre bibliothèque qui influencera notre réaction car le mécanisme du cerveau nous permet donc d’évaluer rapidement ce que nous vivons afin d’y répondre au mieux et au plus vite pour pouvoir assouvir nos besoins et augmenter ainsi nos chances de survie ou de réussite.

 

Les besoins

Un besoin est une chose dont on ne peut pas se passer. Tous les êtres vivants ont le même objectif archaïque de survie et ils y parviennent grâce à l’assouvissement de besoins eux aussi archaïques. Même s’il peut y avoir de légères variantes suivant les espèces, ces besoins sont les mêmes pour tous les êtres vivants. Ainsi, tant que nous répondons à ces besoins, nous sommes inconsciemment en sécurité et notre survie est assuré, nous n’avons donc pas à nous adapter. En revanche, dès que l’un de ces besoins n’est plus assouvi, un stress apparaît et s’il n’est pas géré, il engendre en adaptation une modification dans le corps.

 

Dans toutes les pathologies, il est donc primordial de trouver et de nommer, derrière le ressenti stressant auquel nous cherchons à nous adapter, le besoin archaïque auquel nous tentons inconsciemment de répondre. Une fois le besoin déterminé, l’objectif est alors de trouver ou de créer une autre stratégie, une autre voie que celle de la pathologie, pour répondre à ce besoin.

 

Les besoins archaïques sont :

  • Respirer
  • Manger
  • Ne pas être mangé/tué
  • Se reproduire
  • Avoir un territoire

 

D’autres besoins sont aussi importants à prendre en compte, bien qu’ils ne soient pas aussi archaïques, ils peuvent être néanmoins essentiels pour nous, êtres humains, car ils sont souvent nécessaires pour satisfaire les besoins archaïques suivants :

  • Appartenir à un clan
  • Se déplacer et agir
  • Se sentir utile

 

Remonter à l’origine de notre problématique passera par la recherche et la découverte du ressenti stressant auquel nous nous adaptons par notre pathologie. Ce stress, qui pourra être commun aux personnes ayant cette pathologie, s’inscrira pourtant dans une histoire, un événement qui sera propre à l’individu. Cette histoire, qu’elle soit personnelle ou généalogique, sera en lien avec un besoin qu’il faudra déterminer afin de trouver une autre solution pour y répondre que celle de la maladie ou du blocage.

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